« Quand je regarde la mer, je me promène dans le temps du monde… » Olivier de Kersauzon
Après un temps de repli sur soi-même, d’introspection forcée, de liberté volée, le temps est à nouveau venu de partir à la découverte des merveilleuses pépites que nous offre notre belle Bretagne.
Curieuse, c’est à Brest que j’ai posé mon sac de voyage le week-end dernier. Parlant de ce projet brestois à un ami journaliste, un ancien de France Info, j’ai eu l’immense privilège d’être accueillie dans la cité maritime par les meilleurs… Je vous les présenterai tous mais patience… vous les découvrirez au fil de mes articles dans les jours et semaines à venir…
La première figure incontournable dont j’ai envie de vous parler, intimement liée au Général Leclerc, c’est Didier Ragot. Cet homme aux multiples talents a un incroyable palmarès à son actif. Il comptabilise, entre autre, 7 tentatives de tour du monde à la voile en compétition et en multicoque, dont 5 réussies (vainqueur du Trophée Jules Verne notamment). Il a parcouru plus de 230 000 miles en multicoque et a largement dirigé l’élaboration des bateaux de course sur lesquels il a navigué.
Il a fait partie de l’équipe créatrice du Tour de France à la Voile avec Bernard Decré et a navigué avec différents skippers de renom avant de devenir le second d’Olivier de Kersauzon pendant 33 ans.
Aujourd’hui, il est, avec Morgane Mell, le co-fondateur de la société Trïodé. Mais ça, c’est une autre histoire passionnante que je vous raconterai bientôt.
Parrain du coquillier Général Leclerc, Didier m’a présenté son « filleul », ancré dans le port du Tinduff (Plougastel-Daoulas). Histoire d’un bateau qui a connu des hauts et des bas…
Le sloop Général Leclerc
1948-1952 : de la voile au moteur
Le coquillier Général Leclerc (immatriculé B6768) fut construit en 1948 par le chantier brestois Tertu Rostellec. Avec sa belle allure cossue, il pèse 15 tonnes et porte 120 m² de toile. De 1948 à 1973, il ne connut qu’un seul propriétaire, Pierre Kervella.
Destiné à la pêche à la coquille Saint-Jacques en rade de Brest, il a commencé sa carrière à la voile mais sa situation de voilier pur n’a duré que trois ans. Dès la campagne de 1951-1952, il reçoit son premier moteur, petit auxiliaire pour regagner le port les jours sans vent.
1952-1973 : des hauts et des bas jusqu’au désarmement
Je ne m’étendrai pas sur cette longue période des bonnes et mauvaises fortunes qu’à connu cet emblématique coquillier. Force est de constater que le Général Leclerc était suffisamment robuste pour renaître, plus majestueux encore…
1987 : renaissance d’un bateau culte
En 1987, le Général Leclerc est racheté par l’association Lenn Vor qui confie sa restauration à Alain Nicolas, charpentier de marine. En 1989, il est relancé traditionnellement à Brest lors des Océanides.
L’association Lenn Vor, fondée en 1987 par Hervé Grall et Alain Nicolas, participe activement à la sauvegarde du patrimoine maritime de la rade de Brest. Ayant pour unique ressource les cotisations de ces adhérents, le bénévolat et les compétences de tous sont alors largement mis à l’épreuve. Il faut d’ailleurs souligner qu’à cette époque tout l’équipage d’origine du coquillier était en vie, c’était une chance considérable pour les membres de l’association.
2004 : Le Général Leclerc devient monument historique
2004 : après s’être battue pour présenter et défendre son dossier, l’association Lenn Vor obtient gain de cause. L’arrêté du 4 Août 2005 classe le sloop coquillier Général Leclerc monument historique.
Je trouve formidable l’engagement de l’association Lenn Vor d’avoir pu protéger et conserver le dernier coquillier entièrement ponté d’origine, ce qui renforce les valeurs de la flottille traditionnelle de la rade de Brest.
2006-2011 : de réfection en réfection
De la réfection du pont à celle du mât et de la coque, le Général Leclerc a retrouvé toute sa superbe.
Le Général Leclerc aujourd’hui : figure emblématique de la rade de Brest
L’emblématique coquillier s’associe fièrement aux rassemblements de grands voiliers. Son capitaine Fañch Nedelec, que j’espère rencontrer lors de mon prochain séjour brestois, veille avec passion à faire revivre les grands moments de vie maritime, si riches dans la célèbre rade de Brest. Faire vivre le patrimoine maritime brestois est son credo ! C’est aussi à travers Lenn Vor que la formation à la navigation traditionnelle à la voile perdure.
Entretenir le patrimoine maritime, bichonner ce « monument historique » qu’est le Général Leclerc, nécessite des fonds importants. Vous pouvez exprimer votre générosité, mes petits papoteurs, en cliquant ici.
Longue vie au Général Leclerc !
Port du Tinduff : port de plaisance de Plougastel-Daoulas
Association Lenn Vor – Contact : Fañch Nedelec – fanch.nedelec@orange.fr
Crédits photos : Association Lenn Vor, Les Papotis de Thalie, Didier Ragot