« On croit que les Renaissances sont nées dans des périodes fastes, mais en fait les renaissances sont toutes nées dans des périodes difficiles, des périodes de crises » Gonzague Saint-Bris (2015)
Les conditions sanitaires étant ce qu’elles sont et ce que nous savons, j’attendrai le printemps 2021 pour vous emmener en promenade dans les magnifiques châteaux des Côtes d’Armor et ailleurs en Bretagne, là où mes pas et ma curiosité me mèneront.
Mais j’ai déjà une petite idée, soyez tranquilles. Nous traverserons les siècles, les histoires de familles et les légendes dans les châteaux de Kergrist (Ploubezre), Rosanbo (Lanvellec), de Tonquedec (Tonquedec), Trécesson (Forêt de Brocéliande) notamment.
Aujourd’hui, c’est à nouveau en Bourgogne que je vous entraîne. L’article consacré au Château de Maulnes la semaine dernière ayant rencontré un vrai succès, ce dont je vous remercie, il me semblait cohérent de vous présenter ce que le duc d’Uzès, Antoine de Crussol, considérait alors comme un « concurrent ».
J’espère que vous éprouverez le même plaisir que moi à visiter le Château de Tanlay. Niché au cœur d’une région culturellement riche, c’est un véritable joyau de la Renaissance.
Et comme le souligne si justement son actuel propriétaire, Gérault de Sèze « C’est un château qui a une âme en plus de son histoire« .
Tanlay, un château qui s’inscrit dans l’Histoire
Et quelle histoire ! Au 13ème siècle, alors que les ducs de Bourgogne font la pluie et le beau temps dans la région, le château de Tanlay est une véritable « place forte« , propriété de la famille Courtenay. Une des « plus importantes place de guerre de Bourgogne » selon Charles le Téméraire (Cousin du roi Louis XI, 4ème et dernier duc de Bourgogne, dit Charles le Hardi).
Pur produit de la Renaissance, il fut légué à Louise de Montmorency, veuve du maréchal Gaspard de Coligny.
C’est donc sur cette ancienne forteresse que sera édifié au 16ème et 17ème siècles l’actuel château. De 1550 à 1568, le plus jeune fils de Louise, François de Coligny, Seigneur d’Andelot, en entreprend la construction avec un architecte de Saint-Florentin, Bertrand de Cazenove. C’est une hypothèse mais c’est celle retenue encore aujourd’hui.
Comme l’évoquait en 2015 le très regretté Gonzague Saint-Bris, les châteaux construits à cette époque, bien qu’affichant une somptueuse renaissance architecturale, ont été édifiés dans l’une des plus sombre et douloureuse période de l’histoire de France où les guerres de Religion faisaient rage.
Il faudra donc attendre 1650 pour que le « grand château » soit enfin terminé. Il passera de mains en mains jusqu’au 18ème siècle mais le Siècle des Lumières verra s’installer durablement une famille qui en est toujours propriétaire aujourd’hui.
Tanlay, un savoureux mélange de Renaissance française et italienne
Ce château est un bijou de la Renaissance dont certains détails architecturaux comme les pyramides du pont d’accès, la galerie dite « des Césars », le Nymphée sont fortement imprégnés du goût italien.
En week-end chez des amis dans la région, j’ai visité Tanlay un samedi de juillet sous un soleil de plomb. Siégeant fièrement au cœur du village, l’édifice est élégant mais caché. Il faut franchir la magnifique grille, un premier bâtiment appelé « Petit château » pour accéder à la Cour verte et au « Grand château » via un pont encadré de deux obélisques de pierre.
La façade et ses particularités architecturales dateraient du 16ème siècle.
Tanlay, un intérieur de rêve
Tout est monumental derrière les murs de cet édifice. D’abord le grand vestibule dit « des Césars« , œuvre de Pierre Le Muet, nommé architecte du roi Louis XIII en 1616, sous la régence de Marie de Médicis. Cette salle est incroyable du sol au plafond. Des carrelages en mosaïque, des statues monumentales fines et élégantes, des couleurs contrastées. Le ton est donné, Tanlay affiche son originalité ! Et c’est quand même le château où Joffrey de Peyrac et Angélique Marquise des Anges ont laissé exploser leur amour… quand même !
A Tanlay, on monte dans les tours
De surprise en surprise, au 1er étage du château, nous arrivons dans La Tour de la Ligue, une galerie d’apparat dont le plafond en berceau et les murs sont couverts de peintures en trompe-l’œil. C’est pour moi le clou de la visite, une merveille !
Ces fresques étonnantes mettent en scène les Grands de la Cour de France sous les traits de dieux grecs.
C’est dans la Tour de la Ligue que l’Amiral de Coligny recevait les autres chefs de la Ligue protestante.
2019, nouvelle renaissance à Tanlay
Une nouvelle énergie souffle sur Tanlay. Diane et Gérault de Sèze, les nouveaux propriétaires, viennent de recevoir les clefs du château par la maman de Diane, la Comtesse Brigitte de la Chauvinière. Elle est l’épouse du Comte Jehan de la Chauvinière (décédé en 2012), lui-même descendant direct de la Marquise de Tanlay (sa maman) et de l’ambassadeur Edouard de la Chauvinière.
Le couple reçoit cet héritage classé au titre des Monuments Historiques depuis le 27 décembre 1927 comme un véritable coup de foudre et entend bien apporter au lieu toute la modernité du 21ème siècle. Informez-vous des événements à venir en cliquant ici.
Informations pratiques
Château de Tanlay – 2, Grande Rue Basse – 89430 Tanlay (France)
+33 (0)3 86 75 70 61 / Plus d’infos ici
Excellent dimanche mes petits papoteurs !