« Une femme porte ses vêtements. Mais la chaussure porte la femme » Christian Louboutin
Joindre l’utile à l’agréable, vous le savez, c’est dans mon ADN. Injecter dans un agenda professionnel très dense un moment volé de plaisir, une petite bulle de bonheur, est un rituel magique qui fera de cette journée une journée pas ordinaire.
« Dis ce que tu fais et fais ce que tu dis« … J’ai profité d’un séjour parisien à l’automne dernier pour appliquer à la virgule près cette devise. Des semaines voire des mois que j’avais envie de découvrir l’exposition que la capitale consacrait au célèbre créateur de souliers, Christian Louboutin (enfin, jusqu’à ce qu’une deuxième vague de confinement s’abatte sur notre pays et que la culture ne soit plus « essentielle »). Une exposition qui n’avait encore jamais été organisée en France, très loin des sentiers linéaires des podiums.
J’ai attendu pour écrire cet article, formant le vœu que musées, expositions, cinémas, théâtres ré ouvriraient rapidement leurs portes, offrant au public cet « essentiel » qu’est la culture, quelle qu’en soit la forme. Il n’en est malheureusement rien. Une raison supplémentaire de vous entraîner virtuellement dans l’univers d’un artiste que j’admire depuis tant d’années, Monsieur Christian Louboutin.
L’Exhibition[niste], c’est le nom de cette exposition, est une invitation singulière à voyager dans le temps, à s’immerger dans l’univers merveilleux d’une période chère au cœur du créateur, la lumineuse période Art Déco (1910-1939).
Christian Louboutin et le Palais de la Porte Dorée
Né à Paris dans le 12e arrondissement, Christian Louboutin est fasciné dès l’adolescence par la beauté architecturale et la richesse ornementale du Palais de la Porte Dorée (bâti à l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931), qui nourrit très tôt son amour de l’art et des arts appliqués. Il y puise un répertoire de formes et de motifs pour ses premières créations dont le soulier Maquereau réalisé en cuir métallisé (voir photo).
C’est également dans ce temple de l’Art Déco que le jeune créateur, stupéfait par un panneau interdisant le port de talons aiguilles, tira son inspiration pour dessiner l’iconique soulier Pigalle. Un soulier qui se réinvente au fil des années et des saisons pour notre plus grand plaisir.
Une exposition pensée comme un voyage à travers trois décennies
Je ne savais pas à quoi m’attendre en passant les lourdes portes du Palais de la Porte Dorée. Il est vrai que lorsque l’on pense Louboutin, on pense instinctivement semelle rouge.
Cette exposition m’a permis de découvrir tout le talent de cet artiste visionnaire qui sait subtilement allier un savoir-faire traditionnel à sa connaissance de l’Art. J’ai été très agréablement surprise, parfois subjuguée par tant de beauté. Plus que des souliers, ce sont des œuvres d’art !
Salle numéro 1. Les premières années
Une salle décorée de vitraux dessinés par Christian Louboutin lui-même. Des souliers imaginés par le créateur en devenir, souvent avec les moyens du bord, dans sa petite chambre de bonne. Une chose est certaine, toute l’audace du jeune homme s’impose telle une explosion propre aux années 80 et 90, un temps où il faisait bon vivre dans l’humour et la légèreté.
Salle numéro 2, celle des Trésors
Wow ! Mille fois wow ! C’est à peu près la seule onomatopée qui pouvait sortir de ma bouche tellement le spectacle était incroyable, démesuré, fascinant.
Un palanquin d’argent fabriqué par l’Orfebreria Villareal de Séville accueille en son cœur un soulier en cristal de synthèse réalisé à Paris par Stéphane Gérard, artiste sculpteur. Mise en place de la symbolique du soulier magique des contes de fées, du soulier de Vair de Cendrillon à l’univers merveilleux du Magicien d’Oz. Epoustouflant !
Les créations les plus emblématiques du chausseur y sont réunies. Les souliers exposés montrent et racontent son éclectisme. De la couture aux voyages, de la fantaisie à l’innovation, de la technique à la rigueur, ses références artistiques, ses sources d’inspiration s’affichent avec la plus parfaite élégance.
Salle numéro 3. Les nudes
Une de mes séries préférées ! Sexy en diable, glamour à souhait, cette collection, initiée en 2009, est très « Helmut Newton » attitude.
Les Nudes, des souliers couleur chair qui comptent aujourd’hui huit nuances de carnations différentes de peaux, ont été mis en scène par un duo d’artistes ultra talentueux, Whitaker & Malem. Les deux compères ont créé pour l’occasion des sculptures de cuir extrêmement sensuelles et hyperréalistes, moulées à partir d’un corps féminin pour le moins parfait. Un travail de précision qui a enchanté Christian Louboutin et les milliers de visiteurs de l’exposition.
Salle numéro 7. Biographie
Joli moment « émotion« . Les temps forts de la vie du célèbre chausseur, des œuvres de sa collection personnelle, les lieux qui lui sont chers dans une mise en scène de l’artiste néo-zélandaise d’origine maori, Lisa Reihana.
Salle numéro 9. Fetish
En 2007, une troublante collaboration artistique réunit Christian Louboutin et le cinéaste et photographe David Lynch. Le créateur crée un soulier pour ne pas marcher, le photographe le met en scène et photographie. C’est une nouvelle histoire qui s’écrit, entre fétichisme et érotisme. Atmosphère envoûtante dans ce long couloir érotique !
J’ai choisi de partager avec vous, dans cette promenade qui couvre trois décennies, les scénographies qui m’ont vraiment attirée et touchée. Mais il y avait aussi l’atelier de l’artiste, le musée imaginaire, Pop Corridor, le théâtre bhoutanais.
Une très belle exposition, l’intervention d’artistes créatifs et talentueux, un sublime écrin Art Déco mais surtout l’immense talent de l’homme aux semelles rouges, Christian Louboutin.
J’espère que vous aurez aimé cette visite virtuelle mes petits papoteurs. Excellent week-end à toutes et tous. Restez connectés, Les Papotis de Thalie seront toujours là pour vous divertir.
Palais de la Porte Dorée. 293, avenue Daumesnil. 75012 Paris