« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Albert Camus
« V » comme Victoire
Mon enfance a été bercée par le Général. Elevée dans une puissante idée du Gaullisme, mon grand-père maternel, Henri Roux, m’apprenait à faire le « V » de Victoire dès l’âge de deux ans, ce même « V » que brandissait fièrement le Général de Gaulle dès 1942. Une sorte d’acte de résistance en opposition à la propagande nazie.
Dans ma famille maternelle, la branche bretonne, Finistérienne, devrai-je préciser, le Général de Gaulle incarnait cet attachement indéfectible à la grandeur de la France et aux valeurs de la République.
J’avais onze ans lorsque le Grand Charles a disparu. En sixième en cours de français, le directeur de l’établissement a fait irruption dans la classe pour nous annoncer la nouvelle… Le Général de Gaulle est mort ! Nous nous sommes tous levés et avons respecté une minute de silence. Ce jour-là, lorsque je suis rentrée à la maison, ma grand-mère maternelle était dévastée.
Georges-Marc Benamou, le créateur du magazine Globe
Une rencontre
Je travaillais à ONZE, le magazine de référence du Football dans les années 80, lorsque j’ai, pour la première fois rencontré Georges-Marc Benamou au QUOTIDIEN DE PARIS dirigé par Philippe Tesson. La rumeur courait que le journaliste voulait lancer un City Magazine. Et moi, du haut de mes vingt-cinq ans, je rêvais de collaborer à la création d’un journal. Mon vœu fut exaucé. A l’automne 1985, nous lancions GLOBE !
Un parcours
Georges-Marc Benamou, dit G-M.B., a une idée par seconde. Pas toujours facile à canaliser. Après avoir dirigé la rédaction de Globe et Globe Hebdo, il se consacre à l’écriture avec plus d’une dizaine d’ouvrages qui racontent leur époque, mettant souvent en lumière des « monarques au crépuscule » pour lesquels l’auteur a une tendresse particulière.
Mais l’insatiable G-M.B. est aussi producteur de cinéma. Il fonde Siècle Productions en 2009. Nous lui devons notamment, avec le réalisateur Alain Tasma, Alias Caracalla, une adaptation pour la télévision des mémoires de l’ancien secrétaire de Jean Moulin, Daniel Cordier. Un grand film sur la résistance ! Et plus récemment, Les vies d’Albert Camus, un documentaire riche et passionnant sur la vie de l’un des plus grands écrivains du XX° siècle.
Six questions à cet auteur exigeant
Les Papotis de Thalie : Ecrivain, journaliste, producteur, citoyen confiné, comment arrives-tu à conjuguer toutes ces facettes de ta vie ?
Georges-Marc Benamou : Pour l’essentiel, pour un écrivain, être confiné n’est pas un problème. Malgré le malheur ambiant et l’épidémie, j’ai pu au contraire continuer mon travail dans la solitude et affiner un certain nombre de mes projets d’écriture ou de films. Le seul gros problème a été l’interruption d’un tournage, d’une mini-série pour France 2 « Les aventures du Jeune Werther ». Nous avons dû interrompre le tournage pendant des mois et nous battre avant de le reprendre dans des conditions difficiles. Mais aujourd’hui, le film est en boîte. Nous en sommes fiers et il sera diffusé début 2021.
PDT : Cette année marque le cinquantième anniversaire de la mort du Général de Gaulle. Te souviens-tu où tu étais le 9 novembre 1970 lorsque tu as appris la mort du Général ?
G-M.B. : Oui, je m’en souviens. J’étais enfant et j’avais compris que la nouvelle était immense. Mon père m’a envoyé acheter France soir au kiosque près de la maison. Je suis tombé sur le marchand de journaux, un gros monsieur qui me faisait peur et qui lui, au contraire de tout le monde, avait l’air très heureux de cette nouvelle, en répétant à tous se clients : « la grande Zora est morte ». C’était le surnom obscène que lui donnaient certains pieds-noirs extrémistes.
PDT : De nombreux documentaires sont actuellement diffusés sur la vie du Grand Charles. Tu as choisi de nous raconter dans « Le Général a disparu » son énigmatique « fuite » à Baden-Baden. Pourquoi ce choix ?
G-M.B. : Parce que c’est pour moi le moment le plus émouvant. J’ai toujours eu un faible pour les monarques au crépuscule. Ce sont des personnages passionnants, shakespeariens. Cet épisode presque policier de la disparition de De Gaulle m’a en effet toujours fasciné comme il a fasciné la France. J’en ai fait ce « roman vrai ».
PDT : Tu dédis ce livre à tes grands-pères inquiets. Que t’avaient-ils raconté de cet épisode ?
G-M.B. : Pas grand-chose en vérité dans mon souvenir. Mais en fait, je crois qu’à travers le vieux De Gaulle et ses tourments, je pensais à eux aussi en écrivant ce livre.
PDT : Quelle résonance avec la période troublée que la France traverse actuellement ?
G-M.B. : Excellente question ! j’ai aussi beaucoup pensé aux Gilets Jaunes attaquant l’Elysée. C’était le même chaos. Et ce n’est pas fini, je le crains…
PDT : Quel est ton souhait le plus cher pour ce Noël 2020 ?
G-M.B. : Sur le plan collectif, que la France retrouve ses « jours heureux » ; qu’elle puisse connaître l’harmonie, la liberté, l’égalité, la fraternité, bien loin des divisions et des haines actuelles.
Informations pratiques
Le Général a disparu de Georges-Marc Benamou / Editions Grasset / 19 € / En vente chez votre meilleur libraire / Livre.fnac.com / Cultura.com / A Perros-Guirec, chez Jean-Charles Guilloux (Maison de la Presse – 14, place de la Mairie – 22700 Perros-Guirec).
Je vous souhaite à toutes et tous mes petits papoteurs de Joyeuses Fêtes de Noël et vous donne rendez-vous Dimanche 13 décembre 2020 à 18h sur le compte Instagram @lespapotisdethalie pour vous faire gagner un exemplaire de « Le Général a disparu » dédicacé par Georges-Marc Benamou.
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