« La mort frappe chacun de façon égale, sans distinction de pouvoir ni de richesse »
Dans cet article, il sera question de l’Ankoù et ses différentes représentations, de la Danse Macabre, celle qui illumine par sa beauté, la chapelle de Kermaria An Isquit à Plouha (Côtes d’Armor).
Suivra jeudi sur le blog un second article pour vous entraîner au cœur de la vie de la première tueuse en série bretonne qui cuisinait à l’Arsenic… Hélène Jégado, plus connue sous le pseudonyme de Fleur de Tonnerre… Incarnation vivante de l’Ankoù, elle empoisonna une soixantaine de personnes entre 1810 et 1849.
L’Ankoù, personnification de la mort en Basse-Bretagne
Personnage de premier plan dans la légende bretonne (Dieu sait s’il en existe !), l’Ankoù (qui n’est pas le diable), revêt l’image d’un vieil homme grand et mince portant un chapeau à larges bords ou celui d’un squelette drapé d’un linceul, brandissant une faux montée à l’envers pour trancher les âmes.
Il est bon de préciser que l’Ankoù n’est pas la mort mais son serviteur, son commis, un « ouvrier de la mort » (Oberour ar marv). Un « domestique » dévoué corps et âme (si je puis dire), chargé de battre la campagne à la recherche d’âmes à emporter dans l’au-delà. Celui qui le croisait mourait dans l’année… Oups !
Il convient aussi de noter que l’Ankoù a probablement répandu sa macabre attitude en Haute-Bretagne. On peut en effet croiser dans les Côtes d’Armor le « chariot de la mort » à Moncontour, la « farandole de la danse macabre » sur les plafonds de la chapelle de Kermaria An Iskuit à Plouha, une représentation de l’Ankoù à Ploumilliau…
En attendant la charrette macabre…
Le « mode de transport » diffère que l’on soit en Centre Bretagne ou sur le littoral.
Dans les terres, l’Ankoù se déplace sur sa charrette vieille et grinçante… un char, brouette ou petit chariot, c’est selon. Il ne faisait pas bon entendre le bruit de cette cariole (wig ha wag), car celle ou celui qui l’entendait ne tardait pas à passer de vie à trépas.
Sur le littoral, les Bretons parlent du « Bag noz« , un bateau de nuit qui transporte les âmes des défunts vers les rives de l’au-delà. Glaçant !
Danse macabre dans la chapelle de Kermaria An Iskuit
Outre ma passion pour les châteaux, il y a celle pour les chapelles. Fleuron patrimonial de Plouha, classée monument historique, la Chapelle de Kermaria An Iskuit doit sa renommée à la découverte d’une fresque du Moyen-Age représentant la Danse Macabre, réalisée entre 1483 et 1501.
Cette chapelle est, avec l’église de Kernascléden (Morbihan), le seul sanctuaire de Bretagne à posséder une fresque murale représentant l’art macabre du Moyen-âge. Constituée de 47 figures d’environ un mètre trente de haut, recouvertes de chaux au 18ème siècle, cette splendeur fut mise à jour en 1856 grâce à la bienveillance de Charles de Taillart.
Des personnages, toutes classes sociales confondues
À Kermaria An Iskuit, la farandole macabre est située de part et d’autre de la nef principale, au-dessus des arcs séparant les bas-côtés de la nef. Elle commençait initialement par le personnage de l’Acteur, aujourd’hui disparu. Après l’Acteur, la fresque comprend un ensemble de personnages séparés par des squelettes au rire inquiétant. Il s’agit du pape, de l’empereur, du cardinal, du roi, du patriarche, du connétable, de l’archevêque, du chevalier, de l’évêque, de l’écuyer, du bailli (représentant d’un roi ou d’un seigneur), de l’abbé, de l’astrologue, du bourgeois, du chartreux et du sergent. Et au centre de la farandole, une femme, seule « invitée » à ne pas tenir la main de la mort… Faudrait-il y voir un signe ?
Informations pratiques
Eglise Saint-Milliau. Place de l’église. 22300 Ploumilliau. Tél. : 02.96.35.75.18
Chapelle de Kermaria An Isquit. Kermaria An Iskuit. 22580 Plouha. Tél. : 02.96.65.32.53